Pierre Dukan, le poids lourd des régimes
Il est le nouveau gourou des candidats à la minceur. Un auteur à succès mais aussi un médecin «à l'ancienne», à la fois chaleureux et strict, qui s'est fixé pour ambition de «faire du bien» à ses patients. Rencontre avec un inconnu mondialement célèbre.
La malice pétille en permanence dans son regard, mais il se montre très directif envers ses patients. «C'est la meilleure façon de les aider, dit-il, ils m'en sont reconnaissants.» (Eric Garault / Picturetank)
Il est vrai que, de nos jours, les kilos en trop ne pèsent plus seulement sur les hanches et sur les artères; ils le font aussi et surtout sur le moral : les individus affectés de surpoids le vivent de plus en plus mal, aussi bien dans leurs vies professionnelle que privée. Un malaise écrasant, qui explique sans doute pourquoi la méthode Dukan, mise au point il y a plus de vingt ans, n'a véritablement décollé que depuis cinq ou six ans.
«Les gens ne maigrissent plus pour les mêmes raisons qu'autrefois, souligne à ce sujet l'intéressé. Dans les années 60 et 70, les diététiciens ne voyaient que des coquettes et des moribonds, envoyés par leur médecin. Puis l'envie de mincir est devenue saisonnière: on entamait un régime en avril, avant l'été, pour pouvoir se montrer sur la plage ou entrer dans une robe de mariage, par effet de mode. Tandis qu'aujourd'hui, les gens qui veulent maigrir le font un peu pour leur santé et beaucoup pour améliorer leur image personnelle, garder leur emploi ou booster leur carrière. Ce qui me paraît vraiment nouveau, c'est que le surpoids n'est plus considéré comme la marque d'un bon vivant, sympathique et ouvert aux autres, mais comme une preuve de faiblesse, d'absence de volonté et de maîtrise de soi. Ce sont les grands patrons du CAC40 qui l'ont compris les premiers, suivis par les ténors de la politique. Mais le phénomène ne se limite pas à eux, c'est tout le profil de ma clientèle qui a changé: je reçois désormais presque autant d'hommes que de femmes, tous plus jeunes, en meilleure santé et plus motivés qu'autrefois.»
Car il reçoit toujours... et au même endroit depuis quarante ans, dans un très vaste appartement près de l'Alma, à Paris, qu'il continue à partager avec huit confrères, dont un dentiste, un dermato, deux obstétriciens et plusieurs chirurgiens esthétiques. Comme si rien n'avait changé. Comme si la marque Dukan (galettes de son et plats préparés) n'était pas distribuée dans les supermarchés. Comme si son ouvrage vedette, Je ne sais pas maigrir, ne figurait pas depuis 2006, sans interruption, sur la liste des meilleures ventes en librairie. Comme si l'on ne dénombrait pas sur internet près de 400 blogs ou forums à son nom, la plupart du temps tenus par des fans. Comme si les «dukaniens» et les «dukanettes » (ainsi qu'ils se surnomment eux-mêmes) n'étaient pas plus de 5 millions - rien qu'en France - à s'être soumis, peu ou prou, à ses diktats antigraisse et antisucre.
Dans le registre «Non, je n'ai pas changé», Pierre Dukan va même jusqu'à affirmer que sa réussite exceptionnelle ne l'a pas spécialement enrichi. L'entreprise de produits alimentaires Dukan appartient à son fils Sacha, 27 ans, «ainsi qu'aux banques qui (lui) ont avancé les fonds». Les droits d'auteur de ses 19 ouvrages, publiés dans près de 100 pays ? «J'ai tout réinvesti dans le logiciel qui pilote le site de coaching personnalisé que j'ai créé il y a trois ans, ainsi que dans le salaire des cinq diététiciennes qui m'aident à l'animer.» Les recettes de ce site, qui a hébergé plus de 200.000 clients payants (de 35 à 120 euros par mois, selon l'importance du poids à perdre et la phase traversée), dont 45.000 en ce moment même? «Je m'en sers pour financer un projet d'intelligence artificielle auquel je tiens beaucoup: un livre de régime interactif et personnalisé d'un genre totalement nouveau, que j'espère sortir bientôt.»
Crédits photo : CHRISTIAN MOSER/Madame Figaro
Et justement, lui, ce qui le préoccupe au premier chef, c'est l'épanouissement de ses patients. «Je veux leur faire du bien, martèle-t-il. C'est ce qui me procure le plus de satisfaction. Et c'est aussi ce que je réussis le mieux à faire.»
Une vocation qui remonte à sa découverte de la diététique, vers la fin des années 60, alors que ce pied-noir né à Alger en 1941 exerçait déjà à Paris comme généraliste, tout en y poursuivant sa spécialité en neurologie. «Mais cette discipline n'était pas pour moi, je souffrais presque autant que mes patients. J'ai vite compris que j'étais trop empathique pour devenir neurologue, et que je serais bien plus utile et meilleur médecin en aidant les bons vivants plutôt que les mauvais mourants.»
Il commence donc à s'intéresser à la nutrition en assistant aux enseignements du pionnier de cette discipline, le Pr Gilbert Dreyfus: «Pour être pris au sérieux, on cherchait alors à se rapprocher des sciences exactes, la physique, la chimie, les mathématiques. C'est comme ça qu'on a inventé le dogme des 1500 calories par jour, ainsi que la règle de l'équilibre entre les protides, les glucides et les lipides.»
Pas vraiment convaincu et déjà très critique sur l'efficacité de tels calculs, «impossibles à respecter au quotidien et sur la durée», le jeune Dr Dukan n'aurait pourtant rien inventé lui-même s'il n'avait pas rencontré, en 1969, celui qu'il appelle dans tous ses livres «l'homme de ma vie»: l'éditeur Pierre Seghers, avec lequel il partageait une passion pour la poésie, qui pesait alors 130 kilos et qui lui a demandé un jour de l'aider à maigrir en le « privant au besoin de tout, sauf de viande». Pierre Dukan accepte, sans imaginer dans quoi il s'engage... Et ça marche: Seghers, ravi de pouvoir se nourrir comme un carnassier de l'époque Cro-Magnon, fond de 5 kilos en une semaine. Le bouche-à-oreille démarre. Dukan emménage à l'Alma et, dès 1975, aidé par le succès de l'un de ses premiers ouvrages (Maigrir, l'arme absolue: 125.000 exemplaires vendus), il y reçoit une «énorme clientèle».
«Le surpoids est une maladie très grave, qui tue davantage que le tabac»
Mais sa méthode, de son propre aveu, n'est pas encore au point : «Je l'ai construite comme une fusée, étage par étage. D'abord le sprinter du "tout-protéines". Les gens étaient contents, ils maigrissaient très vite, mais ça ne marchait pas: six mois après, ils avaient tout repris. Quand j'ai ajouté la phase 2, celle des légumes, ils ne revenaient qu'au bout d'un an, mais ils revenaient encore. Je leur vendais du rêve, du vent. Si j'avais été commerçant, cela m'aurait suffi, mais pas comme médecin: je ne faisais que du symptomatique, pas du curatif. Et je ne pouvais pas m'en satisfaire, car le surpoids est une vraie maladie, très grave. On ne dit jamais que quelqu'un est mort de surpoids, et pourtant, la vérité, c'est qu'il tue plus que le tabac! Et il n'y a pas que les maladies cardio-vasculaires: le surpoids est également responsable de cancers, de diabète et d'usure du squelette. C'est pour ça que j'ai voulu perfectionner ma méthode, en réfléchissant à un sujet qui n'intéressait alors personne, ni les diététiciens ni les patients: la stabilisation.»La stabilisation, c'est son «truc en plus», celui dont il est le plus fier et qui fait, encore aujourd'hui, la différence avec ses principaux concurrents, dont l'américain Atkins. Mais ce n'est certainement pas à elle qu'il doit son succès : très peu de «dukaniens» l'atteignent, et l'on ne sait pas encore si un seul d'entre eux est parvenu à la respecter jusqu'à sa mort sans regrossir. Non, ce qui l'a rendu plus célèbre en France que Montignac et Weight Watchers réunis, ce n'est certes pas le nirvana de frugalité de la phase 4, mais la rapidité avec laquelle on arrive à maigrir en phases 1 et 2, même en mangeant trois fois plus que d'habitude, pour peu qu'on le fasse en s'interdisant tous les sucres et toutes les graisses.
En phase 3, en revanche, dès que certains écarts sont à nouveau autorisés, tout se gâte. Beaucoup d'adeptes reprennent alors du poids, même en faisant très attention. Ce qui signifie, en clair, que rien ne prouve encore l'efficacité de cette méthode... Sauf exception, bien sûr. Dont celle de Dukan lui-même, manifestement converti par son propre prêche. Nous l'avons vu en effet, de nos propres yeux, se régaler pour son déjeuner de trois feuilles d'endive trempées dans un mélange d'eau, de moutarde et de vinaigre balsamique. Et quand nous l'avons interrogé sur ses éventuels dérapages alimentaires, il nous a répondu, le plus sérieusement du monde : «Je mange deux pommes à chaque repas. Oui, deux... c'est beaucoup, je sais, mais j'adore ça. Je suis un excessif.»
Les quatre phases du régime Dukan
• Phase 1, dite «d'attaque»
Durée: de 3 à 5 jours, selon la rapidité avec laquelle on maigrit.Objectif: perdre très vite 2 ou 3 kilos, voire davantage, en ne se nourrissant que de produits riches en protéines, sans rien de gras ni de sucré. Soixante-douze aliments sont autorisés... à volonté. Dont: viandes rouges et blanches (sauf le porc, interdit sous toutes ses formes), œufs, laitages à 0%, poissons (saumon fumé compris), crustacés et fruits de mer, sodas light et chewing-gums sans sucre *. Plus une «galette Dukan» par jour (un genre de blini, confectionné avec du fromage blanc à 0%, un œuf et du son d'avoine) pour le transit intestinal et l'élimination des graisses résiduelles. Il faut boire beaucoup d'eau. Inconvénient majeur: une haleine de chacal.
• Phase 2, dite «de croisière»
Durée: jusqu'à l'obtention du poids que l'on cherche à atteindre, sachant que cette phase permet normalement de perdre un kilo par semaine. Elle consiste à manger (et à s'interdire) les mêmes aliments que dans la phase 1, mais en y ajoutant, un jour sur deux, certains légumes (tous verts) ou crudités. Inconvénient majeur: c'est là qu'on commence à rêver sérieusement d'un macaron au chocolat, d'un hachis parmentier ou d'un verre de whisky.
• Phase 3, dite «de consolidation»
Durée: 10 jours par kilo perdu. Aliments autorisés, en plus de ceux de la phase 2 : deux tranches de pain et une portion de fruit par jour (sauf banane, cerises et raisin); deux portions de pâtes (mais ni riz ni patates) et deux repas «normaux» (apéritif, pain, fromage et dessert inclus) par semaine. En échange de ces libéralités, il convient d'observer un jour de «protéines pures» (phase1) par semaine. Inconvénient majeur: c'est long, et c'est aussi là que beaucoup de «dukaniens» reprennent du poids... même lorsqu'ils comprennent (et c'est rare) que « repas normal » ne signifie pas « autorisation de s'empiffrer ».
• Phase 4, dite «de stabilisation»
Durée: à vie. Plus aucun aliment n'est interdit, mais les repas doivent être « raisonnables et équilibrés ». L'obli gation de continuer à observer un jour de « protéines pures » par semaine et de manger du son d'avoine chaque jour est en outre maintenue. Inconvénient majeur: à vie? Oui, à vie.
* Pierre Dukan n'a pas peur de l'aspartame: «C'est le produit le plus surveillé au monde. Et je suis certain que rien n'est plus dangereux pour la santé que le surpoids.»
Pour plus de détails, lire Je ne sais pas maigrir, en édition de poche J'ai Lu, 6,50€.
http://www.lefigaro.fr/sante/2011/02/11/01004-20110211ARTFIG00618-pierre-dukan-le-poids-lourd-des-regimes.php
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