Tuesday, January 7, 2014

B comme Boulimie

Trouble du comportement alimentaire caractérisé par un besoin incontrôlable d'ingérer de grandes quantités d'aliments, la boulimie est aujourd'hui un terme banalisé, trop souvent assimilé à la fringale, faim excessive mais physiologique, et dont elle se distingue par le fait que c'est un trouble psychoaffectif sévère qui relève de la psychiatrie.


L'accès boulimique franc est toujours précédé d'une sensation d'angoisse et se termine par une séance de vomissement qui, dans le même acte, évacue calories et culpabilité. L'usage des laxatifs, des diurétiques et des coupe-faims est très souvent associé à cette phobie de la prise de poids.
La boulimie touche essentiellement les adolescentes et plus rarement des femmes jeunes. Elle doit donc inciter les mères à être particulièrement vigilantes avec leurs filles au décours de la puberté et éviter certaines erreurs relationnelles et nutritionnelles.


La boulimie est une affection complexe. C'est la rencontre d'une histoire personnelle, d'une relation familiale, et d'un environnement culturel.

- Sur le plan individuel, préexiste toujours une vulnérabilité psychoaffective et une relation particulière à l'aliment fondée sur une dépendance de bouche très précoce.

- Sur le plan familial, on retrouve souvent une mère dépressive, des rivalités masquées et surtout une aspiration commune à se comporter comme une famille parfaitement conforme au modèle social ambiant.

- Sur le plan social et culturel, on trouve des normes esthétiques et des standards de poids féminins beaucoup trop stricts et souvent même inaccessibles à la majorité.

C'est ainsi qu'une adolescente ou une jeune femme fragile sur le plan émotionnel et psychique, vivant dans une famille attachée à calquer la norme ambiante, se heurte à un modèle culturel contre nature.
Une étude américaine montre ainsi que 63 % des étudiantes suivent des régimes restrictifs et que 80 % des fillettes de 10 à 13 ans en ont déjà suivi au moins un.


Commencent alors les premiers régimes très durs qui entraînent une perte de poids excessive et les premières flambées boulimiques compensatrices qui ramènent très vite le poids perdu. C'est le classique phénomène de yoyo et l'insatisfaction et la culpabilisation permanentes qui lui sont associées.
- Le conflit intérieur de la boulimique est d'avoir besoin du plaisir et des sensations véhiculés par l'aliment pour faire face aux stress du quotidien, sans pouvoir tolérer les calories qui l'accompagnent. Plaisirs de bouche et déplaisirs liés à la culpabilité se neutralisant, la boulimique reste sur sa faim, les calories en plus. Il ne reste plus alors qu'à vomir pour revenir au point de départ avec un stress et une anxiété toujours présents et majorés par une pénible sensation de dévalorisation.

Une grande majorité de femmes boulimiques parvient à vivre en s'adaptant à leur compulsion et à ses exigences et en conservant une vie professionnelle et privée acceptable. Tôt ou tard, et bien souvent avec l'aide d'un traitement, elles finissent par guérir.

Dans certains cas, la boulimie se complique et devient plus menaçante, voire dramatique. Les critères de gravité sont liés à la fréquence des accès, à leur volume (certaines femmes peuvent ingérer jusqu'à 10.000 calories par accès), à l'importance des vomissements. Un poids instable et très fluctuant est un autre facteur de gravité. Enfin la guérison est bien plus difficile à obtenir lorsque la boulimique est isolée, dépressive, violente, alcoolique ou toxicomane.

Contrairement à l'opinion répandue, la boulimie est une affection qui, dans la plupart des cas, se traite, si elle n'est pas compliquée par d'autres troubles psychiatriques plus profonds.
De nombreux antidépresseurs ont été proposés avec plus ou moins de bonheur car l'amélioration des symptômes psychiques était souvent annulée par une prise de poids d'origine médicamenteuse.
Il existe aujourd'hui un antidépresseur spécifique de la boulimie : la fluoxetine, qui détache lentement de la compulsion alimentaire sans induire de prise de poids médicamenteuse. Seuls, cependant, 50 % seulement des boulimiques traités y réagissent.

De nombreuses psychothérapies ont été utilisées. Il semble que la meilleure stratégie associe une approche familiale qui clarifie les rapports mère-fille et une thérapie de groupe, où plusieurs boulimiques s'expriment en dédramatisant leur expérience, en se réconfortant mutuellement, ce qui brise leur isolement et atténue leur sens aigu de la culpabilité. La découverte des errements d'autres boulimiques renforce leur motivation à guérir.

Très souvent, l'association d'un traitement médicamenteux et d'une psychothérapie courte est suffisante pour réduire ou même faire disparaître les accès boulimiques.
En cas d'échec, il est alors nécessaire d'entreprendre une psychothérapie individuelle avec un praticien spécialisé dans les troubles sévères du comportement alimentaire.

No comments:

Post a Comment